Le « ciel et la terre » vont-ils vraiment disparaître ? (1)

Math 5:17-18 « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé. »

Si l’on interprète, comme on a coutume de le faire, l’expression « le ciel et la terre » dont Jésus parle, par notre ciel et planète terre physiques, il paraît évident que ce temps n’est pas encore arrivé. Mais dans ce cas on pourrait donc aussi en déduire que la loi est toujours en vigueur aujourd’hui. Mais est-ce vraiment le cas ? Certainement pas ! Car les sacrifices, fêtes et rites, qui étaient « l’ombre (ou préfigurations) des choses à venir en Christ » (Col.2:17) ont bien disparus avec la destruction du temple en 70 après JC. Jésus Christ est venu accomplir tout ce qui était prophétisé dans la loi et qui le concernait lui-même. « Christ est la fin de la loi » dira Paul (Rom.10:4). Malheureusement aujourd’hui, il y a une majorité de prédicateurs qui affirment que la loi n’a plus lieu d’être mais paradoxalement refusent de croire que « le ciel et la terre » sont passés. Ils maintiennent le fait que cela aura lieu dans le futur, lorsque Dieu jugera le monde. Et si « le ciel et la terre » évoqués par Jésus, n’étaient pas le ciel et la terre physiques dans lesquels nous vivons ? Un problème évident de compréhension subsiste dans ce que Jésus a bien pu vouloir dire. C’est la raison pour laquelle une mauvaise interprétation de ce texte a conduit, selon moi, à des erreurs, tout au long de l’histoire de l’église,. Nous allons découvrir que, d’après le contexte historique juif de l’époque, le sens des mots « ciel et terre », avait en fait une tout autre signification. Voyez par exemple ce qu’observait le célèbre théologien anglais John Lightfoot (1602-1675), concernant la manière dont « le ciel et la terre » étaient utilisés dans le Nouveau testament :

« le « ciel et la terre qui passent » sont la destruction de Jerusalem et de toute la nation juive … comme si la forme de ce monde disparaissait » (1).

En effet, nous allons nous rendre compte que de nombreux passages de l’Ancien Testament montrent que lorsque « le ciel et la terre » étaient évoqués, cela représentait une nation ou un royaume qui étaient conquis et détruits par une armée étrangère. On peut notamment voir cette représentation symbolique dans quatre passages.

Le premier se trouve chez le prophète Ezéchiel. Dans ce contexte, le prophète annonce à Pharaon, roi d’Egypte, l’imminente défaite que son pays subira aux mains des Babyloniens, qui s’est produite au 6 ème siècle avant J.C. :

Ezéchiel. 32: 7-9: « Quand je t’éteindrai, je voilerai les cieuxet j’obscurcirai leurs étoiles, Je couvrirai le soleil de nuages, et la lune ne donnera plus sa lumière. J’obscurcirai à cause de toi tous les luminaires des cieux, Et je répandrai les ténèbres sur ton pays, dit le Seigneur, l’Eternel. J’affligerai le cœur de beaucoup de peuples, quand j’annoncerai ta ruine parmi les nations à des pays que tu ne connaissais pas. ». Ici, l’imagerie utilisée pour caractériser la destruction des cieux est évoquée par les étoiles, le soleil, et la lune qui s’obscurcissent et perdent leur lumière.

Chez le prophète Jérémie, il est évoqué la destruction du royaume de Juda par l’armée babylonienne, qui eut lieu également au 6ème siècle avant J.C :

Jérémie 4: 23-26 : « Je regarde la terre, et voici, elle est informe et vide ; Les cieux, et leur lumière a disparu. Je regarde les montagnes, et voici, elles sont ébranlées ; Et toutes les collines chancellent. Je regarde, et voici, il n’y a point d’homme ; et tous les oiseaux des cieux ont pris la fuite. Je regarde, et voici, le Carmel est un désert ; et toutes ses villes sont détruites, devant l’Eternel, devant son ardente colère. ». Les termes utilisés dans ce passage sont typiques du langage imagé apocalyptique, très fréquents chez les prophètes. « La terre, (représentant ici Israël) était informe et vide », même termes que le célèbre verset de Genèse 1:2. Ce jour de ténèbres pour Israël est décrit de telle manière que le ciel et la terre semblent avoir été détruits, car au v.23 «  Les cieux, et leur lumière ont disparu » . Il semblerait qu’on assiste à l’inverse de ce qui s’est passé lors de la création évoquée dans le livre de la Genèse : c’est ici une sorte de dé-création. On trouve une image semblable chez le prophète Esaïe, lorsqu’il décrit la chute de Babylone, qui eut lieu en 539 avant J.C. :

Esaïe 13: 9-13: « Voici, le jour de l’Eternel arrive, jour cruel, jour de colère et d’ardente fureur, qui réduira la terre en solitude, et en exterminera les pécheurs. Car les étoiles des cieux et leurs astresne feront plus briller leur lumière,le soleil s’obscurcira dès son lever, et la lune ne fera plus luire sa clarté. Je punirai le monde pour sa malice, et les méchants pour leurs iniquités ; je ferai cesser l’orgueil des hautains, et j’abattrai l’arrogance des tyrans. Je rendrai les hommes plus rares que l’or fin, je les rendrai plus rares que l’or d’Ophir. C’est pourquoi j’ébranlerai les cieux, et la terre sera secouée sur sa base, par la colère de l’Eternel des armées, au jour de son ardente fureur. ». Babylone a bien été détruite d’après l’histoire, mais les cieux, les astres et la terre subsistent encore de nos jours.Et comment ne pas rapprocher la fin ce texte de celui du livre des Hébreux, lorsqu’il est aussi fait allusion aux cieux et à la terre qui seront secoués (ou ébranlés) : Heb 12:26-27  » Lui, dont la voix alors ébranla la terre, et qui maintenant a fait cette promesse : Une fois encore j’ébranlerai non seulement la terre, mais aussi le ciel. Ces mots : une fois encore, indiquent le changement (ce mot du grec « metathesis »peut aussi être traduit par : le transfert, l’enlèvement) des choses ébranlées, comme étant faites pour un temps, afin que les choses inébranlables subsistent. ». L’auteur des Hébreux indique que ce qui a été ébranlé sera enlevé, pour laisser place à ce qui est inébranlable. Ici, dans le contexte, il est bien sûr fait allusion à l’Ancienne alliance qui disparaîtra pour laisser place à la Nouvelle alliance : «  En disant : une alliance nouvelle, il a déclaré la première ancienne ; or, ce qui est ancien, ce qui a vieilli, est près de disparaître. » (Héb. 8:13).

Voici ce que j’ai pu lire de très éclairant dans un site chrétien américain (2) :

« Si l’on considère plus attentivement les métaphores utilisées comme le « soleil, la lune ou les astres », on peut aussi y voir les symboles des représentants politiques et/ou religieux d’une cité ou d’une nation de cette époque. Rappelons-nous l’épisode du songe de Joseph : Gen.37: 9-10 « Il eut encore un autre songe, et il le raconta à ses frères. Il dit : J’ai eu encore un songe ! Et voici, le soleil, la lune et onze étoiles se prosternaient devant moi. Il le raconta à son père et à ses frères. Son père le réprimanda, et lui dit : Que signifie ce songe que tu as eu ? Faut-il que nous venions, moi, ta mère et tes frères, nous prosterner en terre devant toi ? ». Dans Gen. 1:16, le soleil et la lune «gouvernent» le jour et la nuit. Dans le rêve de Joseph, le soleil, la lune et les étoiles sont des symboles d’autorité. Ainsi, le soleil, la lune et les étoiles sont des symboles pour les autorités du pays, car ils sont au-dessus de la terre, éclairant tous ceux qui se trouvent dans le pays. De même, lorsque Jésus prédit la fin du soleil, de la lune et des étoiles, il parle du renversement des dirigeants juifs lorsque leur nation est détruite, ce que craignaient précisément les dirigeants juifs (Jean 11:48). Ce même symbolisme est utilisé à propos de la Nouvelle Jérusalem. Dans cette ville, il n’y a pas besoin de soleil ou de lune, puisque le Père et le Fils fournissent toute la lumière nécessaire (Ap 21:23).»

Notre quatrième exemple de destruction du « ciel et de la terre » est évoqué lors de la destruction d’Edom dans Esaïe 34, et qui eut lieu également au 6ème s. avant J.C. :

Esaïe 34:4-5 « Toute l’armée des cieux se dissout ; Les cieux sont roulés comme un livre, et toute leur armée tombe, comme tombe la feuille de la vigne, comme tombe celle du figuier. Mon épée s’est enivrée dans les cieux ; voici, elle va descendre sur Edom, sur le peuple que j’ai voué à l’extermination, pour le châtier. ». Une semblable métaphore « d’un tremblement de terre, du ciel qui est roulé comme un livre et des étoiles qui tombent du ciel », est aussi utilisée dans Apocalypse 6:12-14 pour signifier le temps de la fin.

Comme on vient de le voir avec ces quatre exemples, les thèmes récurrents sont à chaque fois « le soleil et la lune qui s’obscurcissent ou sont dissous…la terre qui tremble, ou les astres qui tombent du ciel » et à chaque fois l’histoire nous montre qu’il n’y a jamais eu littéralement de tels phénomènes dans le domaine physique. Ces images sont toujours liées à la conquête ou destruction d’un royaume ou d’une nation.

Lorsque Jésus dira, dans ce même langage imagé, dans Mathieu 24:34-35 « Je vous le dis en vérité, cette génération ne passera point, que tout cela n’arrive. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. » , Il veut simplement indiquer la destruction que subiront Jérusalem et son Temple en l’an 70 après J.C. Il nous est aussi indiqué que cet événement aura lieu lors de « Sa venue dans les nuées » où il y aura (au verset 29 🙂 des jours de détresse, que « le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées. ».  Cela a conduit de nombreux sceptiques à se moquer de Jésus pour avoir eu tort, et cela a conduit de nombreux chrétiens à développer des interprétations toutes aussi confuses et bizarres les unes que les autres. Mais Jésus avait tout à fait raison, ces événements se sont accomplis dans « cette génération » (voir aussi Math. 23:34-38, Marc 13:30-31, Luc 21:32-33). 

Tout comme Jérémie (Jérémie 4:23) a prophétisé la perte de Jérusalem dans sa génération, Jésus décrit la destruction à venir de Jérusalem comme la destruction des cieux et de la terre. L’histoire témoigne que Jérusalem et le Temple ont été détruits environ quarante ans plus tard en l’an 70, exactement le temps d’une génération.

Voici une interprétation très intéressante de l’expression « ciel et terre » qui est faite par l’historien juif Flavius Josèphe, contemporain des événements du 1er siècle, personnage issu d’une lignée de prêtres juifs. Il dira, lorsqu’il décrit le tabernacle de Moïse dans un de ses écrits :

« Ainsi pour le tabernacle, qui a trente coudées de long, en le divisant en trois parties et en en abandonnant deux aux prêtres comme un lieu accessible à tous, Moïse représente la terre et la mer, lesquelles sont, en effet, accessibles à tous ; mais la troisième partie, il l’a réservée à Dieu seul, parce que le ciel aussi est inaccessible aux hommes » (Flavius Josephe, Antiquités judaiques, Livre 3, châp.7, paragraphe 7, Trad. de Théodore Reinach, révisée: 1900-1932)

« En effet, la troisième partie, en dedans des quatre solives, qui était inaccessible aux prêtres, s’ouvrait comme le ciel à Dieu ; l’espace des vingt coudées, comme la terre et la mer sont accessibles aux hommes, était de même accordée aux seuls prêtres.» (Flavius Josephe, Antiquités judaiques, Livre 3, châp.6, paragraph.4).

Par ce témoignage, nous constatons que «le ciel et la terre» pouvaient aussi évoquer, pour les juifs du 1er siècle, le tabernacle, autrement dit le temple de Jérusalem ! En effet, pour le peuple juif, c’était bien dans cet endroit sacré que le ciel et la terre étaient réunis. Et c’est dans la troisième partie de ce temple, appelée le lieu très saint, que demeurait la présence de Dieu. Pour la nation juive de l’époque, le temple était tout pour eux. Il représentait le centre du monde, le centre de leur monde et de leur nation.

(1) the four volume series, « A Commentary on the New Testament from the Talmud and Hebraica »

(2) https://adammaarschalk.com/2014/06/20/guest-post-the-biblical-heavens-and-earth-part-2-of-3/

La fin du monde aura-t-elle bien lieu ? (2)

Revenons à notre texte de Math.24:1-2

Mais tout d’abord, rappelons que si l’on veut pratiquer une herméneutique de qualité, science qui consiste à interpréter un texte, il faut d’abord et avant tout se poser les questions de base suivantes : Qu’est-ce que l’auteur a bien voulu exactement communiquer à ses lecteurs dans le contexte ? Quelle compréhension le lecteur pouvait-il en avoir reçue d’après ce même contexte ? Il serait donc profitable de lire les chapitres qui précèdent ce texte, tout en précisant que dans le texte original il n’existait aucun chapitre ni versets, tout le texte de l’évangile était d’un seul bloc. On s’apercevra que depuis le chapitre 21 de Mathieu, Jésus se trouve dans le temple et s’adresse aux chefs religieux juifs en leur exposant plusieurs paraboles où il est en fait question d’eux et de la prochaine destruction de leur ville. Après la parabole des vignerons, où ces mêmes vignerons tuèrent les serviteurs et le fils du maître de la vigne dans Math 21 :33-45, au verset 45 on peut lire : « Après avoir entendu ses paraboles, les principaux sacrificateurs et les pharisiens comprirent que c’était d’eux que Jésus parlait ».La parabole de l’invitation du roi aux noces de son fils, citée dansMath.22:5-7 : « Mais, sans s’inquiéter de l’invitation, ils s’en allèrent, celui-ci à son champ, celui-là à son trafic ; et les autres se saisirent des serviteurs, les outragèrent et les tuèrent. Le roi fut irrité ; il envoya ses troupes, fit périr ces meurtriers, et brûla leur ville. ». Puis au chapitre 23, Jésus va hausser le ton de manière plus dure et sévère à l’encontre des pharisiens, en prononçant des paroles telles que : « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! (v.14)… « Serpents, race de vipères ! Comment échapperez-vous au châtiment de la géhenne ? » (v.33)

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« que retombe sur vous tout le sang innocent répandu sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l’autel. Je vous le dis en vérité, tout cela retombera sur cette génération. (v.35) et, juste avant le chapitre 24, Il terminera ce chapitre 23 par la sentence  « Voici, votre maison (c’est à dire leur temple) vous sera laissée déserte !» (v.38). Le contexte est clair, dans ces paraboles, Jésus ne cesse d’annoncer le jugement qui allait s’abattre sur leur nation et leur temple. C’est donc dans ce contexte que Jésus répondra à ses disciples, qui lui faisaient remarquer le splendide édifice qu’était le Temple : «Voyez-vous tout cela ? Je vous le dis en vérité, il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée. » (Math.24:2). Puis à la question « quand cela arrivera-t-il et quel sera le signe de ton avènement et de la fin de l ‘ « âge » ? », on s’apercevra que lorsque l’on fait une comparaison de cette même question, dans les évangiles synoptiques, c’est à dire les évangiles qui relatent le même passage comme Marc 13:1-4 et Luc 21:5-7, la question fait allusion à un seul et même événement : dansMarc 13:4 : «Dis-nous, quand cela arrivera-t-il, et à quel signe connaîtra-t-on que toutes ces choses vont s’accomplir ? » et dansLuc 21:7 : « Ils lui demandèrent : Maître, quand donc cela arrivera-t-il, et à quel signe connaîtra-t-on que ces choses vont arriver ? ». Dans ces deux passages il n’est pas mentionné d’avènement de Jésus ni de la fin de l’âge, mais par les mots « toutes ces choses », on peut facilement en déduire, notamment par les discours de Jésus qui ont précèdés, qu’il n’est question ici que du jugement et de la destruction du temple qui allaient bientôt survenir pour les juifs de l’époque.

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Le Temple au temps de Jésus.

Donc, par déduction, l’avènement de Jésus et la fin de l’âge de Mahieu 24, font partie d’un seul et même événement dans ce même passage. Concernant « l’avènement » de Jésus, il est bon de préciser qu’il n’a jamais été question ici de retour de Jésus. Le mot grec est « parousia », il signifie présence, arrivée. Voyez ce que Patrick Fontaine, chrétien français, dit de ce passage, dans une excellente série qu’il a écrite dans son blog, intitulée « Apocalypse now ?»(1) :  « Les disciplesne pouvaient penser, comme nous, à une seconde venue, ils ne pensaient déjà pas que Jésus allait mourir (voir la réaction de Pierre), ils ont été désemparé à la croix. Ils n’avaient pas intégré la notion d’un départ, encore mois celle d’un retour! […] Quand les disciples ont demandé à Jésus, “Quel sera le signe de Ton Avènement ?” ils lui demandaient, en bon juif de l’époque, “Quand entreras-tu dans Ton royaume ?” “Quand prendras-tu Ta position et te révéleras-tu comme roi ?”.

Le sujet du « retour » ou « seconde venue de Jésus » sera l’objet d’un prochain article.

À suivre …

(1) www.patrickfontaine.org série « Apocalypse Now ? » chapitre IV

La fin du monde aura-t-elle bien lieu ? (1)

D’emblée, j’ose affirmer, après avoir étudié les textes bibliques correspondants à ce sujet, qu’il n’est pas annoncé de fin du monde, ni de destruction de notre planète terre dans la Bible ! Cet enseignement erroné est pourtant très répandu dans le monde chrétien et en particuliers parmi la grande majorité des évangéliques. De graves erreurs et inepties ont été perpétrées au fil des siècles, principalement dues à une interprétation hâtive de certains passages, le plus souvent tirés hors de leur contexte, dans le but d’accréditer les doctrines en vigueur propagées par les différentes « chapelles ».

Un des passages les plus célèbres, longtemps mal traduit, a conduit à une erreur d’interprétation. C’est  le début de Mathieu 24 où Jésus est supposé répondre à la question concernant le moment de la « fin du monde ». Math. 24: 1-2 :« Comme Jésus s’en allait, au sortir du temple, ses disciples s’approchèrent pour lui en faire remarquer les constructions. Mais il leur dit : Voyez-vous tout cela ? Je vous le dis en vérité, il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée. Il s’assit sur la montagne des oliviers. Et les disciples vinrent en particulier lui faire cette question : Dis-nous, quand cela arrivera-t-il, et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde ? ». Ici, le mot grec qui a été traduit par le mot « monde » ne signifie en aucun cas notre planète terre. Il s’agit du mot grec « aïon » qui signifie, d’après le lexique grec-anglais JH Thayer, une période de temps particulière, le monde à un moment donné dans l’histoire. Les versions anglaises le traduisent plus justement par le mot « âge ». Nos versions françaises ont, dans d’autres passages du Nouveau Testament, traduit ce même mot « aïon » par « siècle », comme dans 1 Cor.2:6:  « Cependant, c’est une sagesse que nous prêchons parmi les parfaits, sagesse qui n’est pas de ce siècle (aïon), ni des chefs de ce siècle (aïon)… ».

L’auteur juif Abraham Cohen, dans son livre « Everyman’s Talmud » (1), nous dit que pour les juifs le temps était divisé en deux grandes périodes : l’Âge de Moïse (= l’ancienne Alliance) et l’Âge messianique (= la nouvelle Alliance). Le Messie était perçu par la Synagogue, comme celui qui amènerait un monde nouveau, et cette période était appelée « le monde à venir ». A travers le nouveau testament, on distingue bien le contraste entre ces deux âges ou périodes, lorsque Jésus dit dans Math 12:32 « Quiconque parlera contre le Fils de l’homme, il lui sera pardonné ; mais quiconque parlera contre le Saint-Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle (aïon=cet âge) ni dans le siècle (aïon=l’âge) à venir. », ou encore lorsque Paul dira dans Eph.1:21 « Christ…au-dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, de toute dignité, et de tout nom qui se peut nommer, non seulement dans le siècle (aïon) présent, mais encore dans le siècle (aïon) à venir. ». La nouvelle Alliance et l’église avaient déjà été établies par le sacrifice de Jésus et le déversement du Saint Esprit, mais pour les juifs convertis et non convertis, le nouvel âge ou âge d’or tant attendu, n’avait pas encore été manifesté. Pour eux, ce nouvel âge signifiait que le Messie allait venir asseoir sa puissance et son autorité sur tous les ennemis. Et comme nous pouvons l’observer dans 1Thess.2 :14-15, les vrais ennemis de cet « âge » étaient leurs propres frères juifs. C’est la raison pour laquelle Paul parle d’un présent âge mauvais dont ils étaient toujours contemporains : «qui s’est donné lui-même pour nos péchés, afin de nous arracher du présent siècle (aïon) mauvais …» (Gal.1:4). Il serait opportun de préciser aussi que dans les passages précédemment cités, lorsque nous voyons l’expression l’ « âge à venir», le mot grec utilisé est « mello », et il aurait pu être plus justement traduit par « sur le point d’arriver », ce qui implique en fait davantage l’imminence de l’événement. C’est donc réellement lorsque Jerusalem et le temple allaient être détruit en l’an 70, avec l’éradication définitive des sacrifices de l’ancienne Alliance et des persécutions de la part de leurs frères juifs, que le nouvel âge allait enfin être pleinement manifesté. Cet événement aura une importance capitale, car désormais plus personne ne pourra faire du temple sa source de salut, désormais Jésus seul deviendra la source du salut ! C’était bien la fin du système de l’ancienne Alliance que Jésus avait prophétisée dans Mathieu 24:2 lorsqu’Il évoque la « fin de l’âge ». Contrairement à ce que l’on prétend de nos jours, le nouvel âge et/ou royaume de Dieu a bel et bien commencé il y a 2000 ans et Il ne sera jamais interrompu car il ne connaît pas de fin, il est éternel ! Un « âge » éternel ne peut logiquement pas avoir de « derniers jours ». Nous vivons plutôt encore au début de ce royaume éternel : «Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit » (Dan.7:14), « (Il donnera) une paix sans fin au trône de David et à son royaume » (Esaïe 9:7). Mais un problème va malheureusement subsister chez beaucoup de croyants des premiers siècles et encore de nos jours : on va continuer d’ignorer que le royaume de Dieu annoncé était exclusivement un royaume spirituel. Je consacrerai un article très prochainement sur cet important sujet

(1) Abraham Cohen, « Everyman’s Talmud », New York, Schochen Books, 1948, p.356

Mais de quelle génération s’agit-il au juste ?

Après m’être informé sur les différentes versions concernant le thème de l’eschatologie, mot signifiant « étude de la fin des temps » (du grec « eschaton » : dernier, fin), je dois avouer que j’ai été, à ma très grande surprise, largement convaincu par la théologie prétériste (du latin « praeter » : passé) , très peu connue en France, mais selon moi, de loin la plus cohérente et évidente au regard des écritures. Cette interprétation est celle qui consiste à dire que toutes les prophéties bibliques se sont en fait déjà réalisées au 1ersiècle de notre ère ! J’entends bien qu’après une telle affirmation, bien des questions légitimes et protestations peuvent émerger. Je vais essayer d’ expliquer et d’apporter des réponses à ces questions lors de plusieurs articles qui vont suivre.

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Le temple de Jérusalem au 1er siècle

Premièrement, en ce qui concerne les derniers jours dont parle le Nouveau Testament, il s’agit simplement de la période de transition vécue par Israël, depuis le ministère de Jésus vers l’an 30 après JC jusqu’à l’année 70 ! Cette période va voir la disparition progressive de l’Ancienne Alliance au profit de la Nouvelle Alliance. En effet pendant cette période, la Nouvelle Alliance était alors coexistante avec l’Ancienne. Le temple avec ses sacrifices et ses rites étaient toujours d’actualité «En l’appelant « nouvelle (alliance) », il a rendu ancienne la première. Or ce qui est ancien et vieilli est en passe de disparaître. »(Hébr 8:13, NBS).

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Sacrifices pratiqués au temple

Cette période où l’Ancienne Alliance « est en passe de disparaître » va durer quarante ans, et l’année 70 va voir la destruction totale de Jérusalem et de son temple, par l’empereur Titus et ses légions romaines. Ce fait capital passe quasiment inaperçu des interprétations les plus populaires. Une période de quarante ans dans la Bible, est généralement considérée comme une génération. N’en déplaise à certains qui traduisent ce mot qui vient du grec « genea » par « race » au lieu de « génération », afin de justifier qu’il pourrait s’agir d’une génération juive dans un futur plus ou moins lointain. Il suffit de constater que partout ailleurs où ce mot est utilisé dans la Bible, il s’agit bien, d’après le contexte, d’une génération qui dure une quarantaine d’année. Par example dans Nomb 32:13 : » Il (l’ Eternel) les fit errer dans le désert pendant quarante années, jusqu’à l’anéantissement de toute la génération qui avait fait le mal aux yeux de l’Eternel. », et dans Heb 3:8-10 : »N’endurcissez pas vos cœurs, comme lors de la révolte, le jour de la tentation dans le désert, où vos pères me tentèrent pour m’éprouver, et ils virent mes œuvres pendant quarante ans. Aussi je fus irrité contre cette génération,.. ». Et, comme peut le faire remarquer le chrétien américain Jonathan Welton dans son livre « Raptureless » (a), il a été donné quarante années à Israël dans le désert pour que l’ancienne génération encore attachée à la mentalité d’esclave, puisse mourir et laisser la place à la toute nouvelle. Il fait aussi remarquer le parallèle avec l’histoire du roi Saül qui demeurera roi pendant quarante années, après lesquelles Dieu le rejettera. Pendant ces mêmes quarante années, Dieu oindra David et le préparera à prendre la place de Saül. Pour finir, Jonathan Welton mentionne également l’allégorie dont Paul parle dans la lettre aux Galates, concernant Ismaël et Isaac (Gal.4:21-31). Ismaël représentait l’ancienne Alliance, et Isaac la nouvelle Alliance. Les deux vont coexister pendant un certain temps. De même, l’ancienne et la nouvelle Alliance vont coexister pendant une quarantaine d’années.

Reprenons l’utilisation du mot « genea ». Il va aussi être employé par Jésus, pour désigner la génération dont Il était le contemporain lorsqu’ Il s’adressait à elle dans Math. 11:16 : « A qui comparerai-je cette génération ? « , aussi dans Math.12:38-41 : « Alors quelques-uns des scribes et des pharisiens prirent la parole, et dirent : Maître, nous voudrions te voir faire un miracle. Il leur répondit : une génération méchante et adultère demande un miracle ; il ne lui sera donné d’autre miracle que celui du prophète Jonas. » ou bien dans Math. 17:17 :  » Race (ou génération) incrédule et perverse, répondit Jésus, jusques à quand serai-je avec vous ? jusques à quand vous supporterai-je ? « . Dans son discours le jour de pentecôte, Pierre, « par plusieurs autres paroles, les conjurait et les exhortait, disant : sauvez-vous de cette génération perverse. » (Actes 2:40).

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Jésus s’adressant sévèrement aux pharisiens 

Et que dire de ces paroles dures que Jésus prononcera à l’encontre des leaders religieux, scribes et pharisiens de son époque, dans Math 23 :33-35 : « Serpents, race de vipères ! comment échapperez-vous au châtiment de la géhenne ? C’est pourquoi, voici, je vous envoie des prophètes, des sages et des scribes. Vous tuerez et crucifierez les uns, vous battrez de verges les autres dans vos synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville, afin que retombe sur vous tout le sang innocent répandu sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l’autel. Je vous le dis en vérité, tout cela retombera sur cette génération« , et à la fin de ce chapitre Il dira au verset 38 : Voici, votre maison (c’est à dire leur temple) vous sera laissée déserte ». Cette parole s’est accomplie lorsque Jérusalem et son temple ont été entièrement rasés en l’an 70. Luc sera plus explicite en la matière : «  Lorsque vous verrez Jérusalem investie par des armées, sachez alors que sa désolation est proche. Alors, que ceux qui seront en Judée fuient dans les montagnes, que ceux qui seront au milieu de Jérusalem en sortent, et que ceux qui seront dans les champs n’entrent pas dans la ville. Car ce seront des jours de vengeance, pour l’accomplissement de tout ce qui est écrit. » (Luc 21:20-22). En tenant compte de ce qu’il n’existait aucun chapitre ni verset dans le texte biblique d’origine, Jésus dira à ses disciples, dans ce même contexte, à la suite du chapitre 23 de Mathieu et concernant cette même génération : « Je vous le dis en vérité, cette génération ne passera point, que tout cela n’arrive. » (Math.24:34). Il fera cette déclarationaprès avoir évoqué une liste de signes qui précéderont Sa venue, dont je ferai une analyse approfondie dans les très prochains articles. Jésus ne s’était pas trompé, et, contrairement à ce que la plupart peuvent affirmer, Il n’annonçait pas la fin de notre monde physique, mais celle du monde de cette génération du premier siècle. Comme nous l’avons lu, tout ce qui était écrit dans les écritures s’est accompli (Luc 21:22 ; Actes 3:24 ; 13;40), depuis l’annonce du Messie jusqu’à la disparition totale, en l’an 70 ap.JC, de cet ancien monde de l’Ancienne Alliance et de la loi représentés par le temple et ses rites !

(a) « Raptureless » de Jonathan Welton, chap.6, third edition, May 2015

Vivons-nous réellement dans les derniers temps ?

 

End times shutterstock_491956309-800x600Depuis que je suis chrétien, j’entends dire que nous vivons actuellement dans les derniers temps dont la Bible parle. Il n’y a qu’à écouter les infos, ils sont bien la preuve, nous dit-on, que nous sommes en train de vivre les signes des derniers temps annoncés dans la Bible. Les tensions au Proche Orient, les immenses progrès technologiques, les mœurs perverties des êtres humains, les catastrophes climatiques, le « nouvel ordre mondial » qui se met en place suivi du règne de l’antichrist… et bien d’autres calamités, ne sont-ils pas les signes annonciateurs de la fin des temps ? En fait , ceci n’est pas vraiment très nouveau. Des pseudos prophètes annoncent la « fin du monde » depuis des siècles, notamment à l’approche de chaque nouveau siècle ou millénaire, on a droit à un cortège de prédictions toutes aussi sombres les unes que les autres.guerre-thermonucleaire Mais il faut dire que depuis un siècle on assiste, particulièrement dans le monde chrétien évangélique dont je fais partie, à une recrudescence frénétique de ces prédictions, et elles se sont toutes avérées fausses. Citons par exemple ce livre écrit dans les années 80 par Edgar C. Whisenant, intitulé « 88 raisons pour lesquelles l’enlèvement de l’Église aura lieu en 1988 » , livre qui s’appuyait sur la date anniversaire des 40 ans (= une génération) de la création de l’État d’Israël. Cette annonce ayant échouée, on verra plus tard d’autres prédire que cet événement aurait plutôt lieu en 2007, date anniversaire des 40 ans de la reconquête de Jerusalem par Israël lors de la guerre des six jours. Mais rien de significatif ne se produira non plus. Parmi les toutes récentes, on peut citer: l’année sabbatique de la « shemitah » ainsi que les éclipses lunaires ou « quatre lunes de sang » de Septembre 2015. Et j’en passe et des meilleures… Pour faire court, je vous renvoie à une liste étonnante de « prophéties sur la fin des temps » publiées dans Wikipédia (a), qui ont toutes échoué, et qui ne font qu’ajouter davantage de confusion et de discrédit aux prophéties et message bibliques.    

Pour clarifier le sujet, le meilleur moyen est d’explorer ce que la Bible elle même

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« Sola Scriptura »

a réellement à nous dire sur ces derniers temps dont elle parle. D’ailleurs nous-même, qui nous revendiquons être chrétiens évangéliques, ne sommes-nous pas les héritiers de la Réforme où prévalait ce célèbre adage latin : « Sola Scriptura » , c’est à dire « l’Ecriture seule » pour interpréter l’Ecriture ?                                                                       Nous pouvons trouver différentes expressions utilisées dans le Nouveau testament pour évoquer cette période, comme le « temps de la fin », « la fin de l’âge »,  les « derniers jours », le « dernier jour », la « dernière heure ». L’une des plus couramment utilisée est « derniers jours ». Lorsque les auteurs du Nouveau Testament écrivaient leurs lettres, ils affirmaient qu’ils vivaient alors pleinement dans ces derniers jours. Prenons comme exemple le jour de la Pentecôte, lors de l’effusion de l’Esprit Saint, « …Pierre, se présentant avec les onze, éleva la voix, et leur parla en ces termes : Hommes Juifs, et vous tous qui séjournez à Jérusalem, sachez ceci, et prêtez l’oreille à mes paroles !…. c’est ici ce qui a été dit par le prophète Joël: dans les derniers jours, dit Dieu, je répandrai de mon Esprit sur toute chair ; Vos fils et vos filles prophétiseront, Vos jeunes gens auront des visions, Et vos vieillards auront des songes. Oui, sur mes serviteurs et sur mes servantes, Dans ces jours-là, je répandrai de mon Esprit ; et ils prophétiseront. » (Actes 2:14-18) (b). L’auteur de la lettre aux Hébreux dira aussi, dès le début de sa lettre « Après avoir autrefois, à bien des reprises et de bien des manières, parlé aux pères par les prophètes, Dieu nous a parlé, en ces jours qui sont les derniers, par un Fils qu’il a constitué héritier de tout et par qui il a fait les mondes. » (Heb 1:1-2, NBS). Pierre dira aussi dans son épître, que nous avons été rachetés « …par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache, prédestiné avant la fondation du monde, et manifesté à la fin des temps, à cause de vous » (1Pier 1:20). Il est bien clair, en lisant ces versets, que le concept de « derniers jours » semblait familier aux auteurs du Nouveau Testament et qu’ils pensaient réellement en être les contemporains. Mais de quels derniers jours s’agit-il au juste ? De la fin du monde ? De la fin de notre planète terre ? Et bien non, pas du tout ! Je vais essayer de le prouver par différents articles, que je publierai dans les prochaines semaines dans ce blog.

 

A suivre …

(a) 2 liens :

https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_dates_predicted_for_apocalyptic_events

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_prédictions_de_la_fin_du_monde

(b) Toutes les citations de versets bibliques non précisées sont tirées de la traduction LBS (La Bible Segond, 1910)

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