
D’emblée, j’ose affirmer, après avoir étudié les textes bibliques correspondants à ce sujet, qu’il n’est pas annoncé de fin du monde, ni de destruction de notre planète terre dans la Bible ! Cet enseignement erroné est pourtant très répandu dans le monde chrétien et en particuliers parmi la grande majorité des évangéliques. De graves erreurs et inepties ont été perpétrées au fil des siècles, principalement dues à une interprétation hâtive de certains passages, le plus souvent tirés hors de leur contexte, dans le but d’accréditer les doctrines en vigueur propagées par les différentes « chapelles ».
Un des passages les plus célèbres, longtemps mal traduit, a conduit à une erreur d’interprétation. C’est le début de Mathieu 24 où Jésus est supposé répondre à la question concernant le moment de la « fin du monde ». Math. 24: 1-2 :« Comme Jésus s’en allait, au sortir du temple, ses disciples s’approchèrent pour lui en faire remarquer les constructions. Mais il leur dit : Voyez-vous tout cela ? Je vous le dis en vérité, il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée. Il s’assit sur la montagne des oliviers. Et les disciples vinrent en particulier lui faire cette question : Dis-nous, quand cela arrivera-t-il, et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde ? ». Ici, le mot grec qui a été traduit par le mot « monde » ne signifie en aucun cas notre planète terre. Il s’agit du mot grec « aïon » qui signifie, d’après le lexique grec-anglais JH Thayer, une période de temps particulière, le monde à un moment donné dans l’histoire. Les versions anglaises le traduisent plus justement par le mot « âge ». Nos versions françaises ont, dans d’autres passages du Nouveau Testament, traduit ce même mot « aïon » par « siècle », comme dans 1 Cor.2:6: « Cependant, c’est une sagesse que nous prêchons parmi les parfaits, sagesse qui n’est pas de ce siècle (aïon), ni des chefs de ce siècle (aïon)… ».
L’auteur juif Abraham Cohen, dans son livre « Everyman’s Talmud » (1), nous dit que pour les juifs le temps était divisé en deux grandes périodes : l’Âge de Moïse (= l’ancienne Alliance) et l’Âge messianique (= la nouvelle Alliance). Le Messie était perçu par la Synagogue, comme celui qui amènerait un monde nouveau, et cette période était appelée « le monde à venir ». A travers le nouveau testament, on distingue bien le contraste entre ces deux âges ou périodes, lorsque Jésus dit dans Math 12:32 « Quiconque parlera contre le Fils de l’homme, il lui sera pardonné ; mais quiconque parlera contre le Saint-Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle (aïon=cet âge) ni dans le siècle (aïon=l’âge) à venir. », ou encore lorsque Paul dira dans Eph.1:21 « Christ…au-dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, de toute dignité, et de tout nom qui se peut nommer, non seulement dans le siècle (aïon) présent, mais encore dans le siècle (aïon) à venir. ». La nouvelle Alliance et l’église avaient déjà été établies par le sacrifice de Jésus et le déversement du Saint Esprit, mais pour les juifs convertis et non convertis, le nouvel âge ou âge d’or tant attendu, n’avait pas encore été manifesté. Pour eux, ce nouvel âge signifiait que le Messie allait venir asseoir sa puissance et son autorité sur tous les ennemis. Et comme nous pouvons l’observer dans 1Thess.2 :14-15, les vrais ennemis de cet « âge » étaient leurs propres frères juifs. C’est la raison pour laquelle Paul parle d’un présent âge mauvais dont ils étaient toujours contemporains : «qui s’est donné lui-même pour nos péchés, afin de nous arracher du présent siècle (aïon) mauvais …» (Gal.1:4). Il serait opportun de préciser aussi que dans les passages précédemment cités, lorsque nous voyons l’expression l’ « âge à venir», le mot grec utilisé est « mello », et il aurait pu être plus justement traduit par « sur le point d’arriver », ce qui implique en fait davantage l’imminence de l’événement. C’est donc réellement lorsque Jerusalem et le temple allaient être détruit en l’an 70, avec l’éradication définitive des sacrifices de l’ancienne Alliance et des persécutions de la part de leurs frères juifs, que le nouvel âge allait enfin être pleinement manifesté. Cet événement aura une importance capitale, car désormais plus personne ne pourra faire du temple sa source de salut, désormais Jésus seul deviendra la source du salut ! C’était bien la fin du système de l’ancienne Alliance que Jésus avait prophétisée dans Mathieu 24:2 lorsqu’Il évoque la « fin de l’âge ». Contrairement à ce que l’on prétend de nos jours, le nouvel âge et/ou royaume de Dieu a bel et bien commencé il y a 2000 ans et Il ne sera jamais interrompu car il ne connaît pas de fin, il est éternel ! Un « âge » éternel ne peut logiquement pas avoir de « derniers jours ». Nous vivons plutôt encore au début de ce royaume éternel : «Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit » (Dan.7:14), « (Il donnera) une paix sans fin au trône de David et à son royaume » (Esaïe 9:7). Mais un problème va malheureusement subsister chez beaucoup de croyants des premiers siècles et encore de nos jours : on va continuer d’ignorer que le royaume de Dieu annoncé était exclusivement un royaume spirituel. Je consacrerai un article très prochainement sur cet important sujet
(1) Abraham Cohen, « Everyman’s Talmud », New York, Schochen Books, 1948, p.356